L’Equateur en couple: Première Partie
QUITO
Arrivés à Quitto la veille, nous prenons notre petit déjeuner à 7H et décidons de partir à la découverte de la vieille ville à pied en attendant l’heure de notre réunion avec les membres de l’association « tout Equateur » prévue à 8H30. Le petit déjeuner est sympa, sans plus. Nous hésitons un peu sur le jus d’ananas. Le serveur nous indique qu’il a été préparé avec de l’eau bouillie. Aller hop c’est bu.
La petite ballade du matin s’avère être un agréable moment dans des rues très typiques et colorées dans un style colonial indéniable. Nous sommes Dimanche matin, 8h et autant dire qu’avec l’animation nocturne de la veille, à cette heure-là, il n’y a pas grand monde dans les rues. Nous somme sur « la ronda ». Autrefois considérée comme un véritable coupe gorge, la rue a été entièrement remaniée, sécurisée et est essentiellement composée de petits restaurants, d’endroits sympas pour boire un verre et écouter de la musique mais il y a également des tas de petites boutiques d’artisanat local et d’art, malheureusement fermés au moment de notre passage.
Nous flânons un peu avant de retourner à l’hôtel pour notre RDV. En fait pour que vous compreniez bien, il me faut vous donner quelques explications. Lorsque nous avons décidé de visiter l’équateur nous avons longuement hésité entre passer par un tour opérateur ou le faire par nous-même. Au fil de nos recherches sur internet, Valérie est tombée sur une association francophone « Tout Equateur », gérée par un Français amoureux de l’équateur et qui propose donc aux français des aides, réductions et donne des tas de conseils. Valérie s’est entretenue avec eux a de très nombreuses reprises et c’est avec eux qu’elle a pu donner corps à notre projet et que nous nous sommes décidés à le faire « par nous-même ». C’est, entre autre, eux qui nous ont permis d’obtenir un véhicule de location adapté aux routes locales pour près de 800 dollars de moins que tout ce que nous avions trouvé auparavant sur internet. Aujourd’hui plus que de nous permettre de nous rencontrer « en vrai », c’est aussi l’occasion d’avoir un dernier petit débrief afin de faire en sorte que nous ne passions pas à coté de choses indispensables et nous éviter des situations trop compliquées.
Nous rencontrons donc Marco et Barbara. Avec Valérie nous n’en revenons toujours pas ! Quelle gentillesse. Quelle disponibilité ! Des explications simples, limpides. Du bon sens. Ils nous prêtent un téléphone avec près de 45 minutes de communications incluses pour nos appels locaux (réservations hôtels, …) et proposent une assistance francophone 24h/24 ! Incroyable ! D’autant plus incroyable que tout est gratuit ! Nous cherchons encore où se trouve le truc, mais pour le moment il ne semble pas y avoir de loup.
Une fois le briefing terminé, avec des astuces et petits trucs pleins la tête, nous partons visiter (à pied) le vieux Quito. Au programme plusieurs églises, basiliques et cathédrales. Malheureusement toutes ces visites seront relativement courtes car étant dimanches chaque site affiche en moyenne 3 messes dans la matinée, et elles sont toutes pleines à craquer à chaque fois. Vraisemblablement, les Equatoriens sont très pratiquants. Des catholiques qui pratiquent autant, ça nous change et ça fait bien plaisir. Bref nous nous contenterons d’une vue d’ensemble des églises sans pouvoir cependant prendre de photo afin de ne pas perturber les offices. Les intérieurs sont riches et très variés. Chacune a son style, son attrait. Il y a même la possibilité de monter dans les tours de la basilique. Valérie prend aussitôt un billet et la voilà partie à plus de 70 m de hauteur en train de canarder de photos la ville de Quito qui s’étale sous ses yeux du nord au sud.
Ici l’altitude est de 2800m et contrairement aux prévisions météorologiques qui prévoyaient un temps bouché, il fait beau ! La température est élevée, très élevée. Nous sommes en T-Shirt manches courtes et ne frissonnons qu’aux abords des endroits ombragés et ventés. Je ne peux dire quelle température il fait exactement, cependant j’ai l’impression qu’il ne doit pas faire loin des 30 degrés. C’est franchement agréable et nous sommes contraints de nous protéger du soleil avec casquette + lunettes de soleil.
Là encore la balade est très agréable, d’autant qu’une bonne partie du centre historique est fermé à la circulation. Les rues sont donc prises d’assaut par une foule de locaux mélangée de touristes qui se rendent à la messe, faire du shopping ou qui, comme nous se promènent et visitent. Çà et là de petits groupes de musiciens jouent des airs traditionnels conférant une atmosphère encore plus agréable à la balade. Nous sommes également frappés par le nombre de Vététistes. Il y a des vélos partout. Pas juste des promeneurs, des gens qui font du sport seuls ou en groupe. Nous croisons même de petits pelotons. C’est assez surprenant en ville. Mais il semblerait qu’il y ait un tracé qui traverse le centre historique, mais enfin bon, il y en a vraiment beaucoup. On a même l’impression qu’il s’agit d’une randonnée organisée. Nous n’avons malheureusement pas le temps de nous renseigner.
L’heure du repas approche et nous finissons par nous rendre dans une toute petite cantine qui nous avait été recommandée le matin même lors du débrief. Vraiment une bonne adresse. Nous n’aurions sans doute pas franchi la porte sans y avoir été incité mais ne regrettons pas. L’endroit ne paie pas de mine, une devanture plutôt austère et hormis une ardoise avec un menu et une plaque avec le nom du restaurant rien qui attire le regard. A l’intérieur la dame nous explique qu’elle n’a pas terminé de préparer le repas du midi et que nous devrons patienter un peu. Nous prenons évidement la formule du jour : soupe + poisson frit avec pommes de terre et riz et boisson comprise. Cette dernière fut la première à nous être servie : une citronnade maison. De vrais citrons pressés. Le gout est top et c’est très rafraichissant. Le doute nous envahi concernant l’origine de l’eau.
Le repas arrive. La soupe aux maïs et poulet est très bonne. Elle nous réhydrate bien. Vient ensuite un très bon poisson qui nous régale. A nouveau nous sommes prudents avec les petites tomates et oignons crus servis en accompagnement et préférons nous tourner vers le riz et les patates pour Valérie. Les bonnes surprises ne s’arrêtent pas là. Lors de l’addition 8 $ nous sont demandés ! Un billet de 10 fera l’affaire tant nous sommes ravis.
Il est temps de retourner à l’hôtel pour récupérer nos bagages et surtout notre véhicule.
Nous perdons beaucoup de temps pour remplir les papiers du véhicule et faire le tour du véhicule. En fait il manque le GPS qui nous avait été promis et Marco est parti en acheter un. Mais dimanche oblige c’est compliqué et nous devrons nous en passer jusqu’à demain. Ils nous proposent en effet de nous amener le GPS demain à OTAVALO où nous seront (1H45 de route tout de même !). Nous acceptons mais comme Quito est la capitale de l’Equateur, il s’agit d’une très grande ville et il est assez compliqué d’y circuler. Marco propose donc de nous accompagner jusqu’à la panamericana, une sorte d’autoroute qui traverse le pays du nord au Sud. Heureusement car pour sortir de la ville c’est un vrai labyrinthe ! Nous prenons la direction de Cayambe et Ibarra, au Nord de Quito. Il est 16H lorsque nous partons de Quito et nous avons déjà près de 2h de retard sur la feuille de route que nous avions prévu. Sans doute devrons-nous faire des compromis sur les visites à faire.
CAYAMBE
A 8 km au sud de Cayambe nous faisons une première halte pour nous arrêter au point de « la mitad del mundo ». Il s’agit d’un des points exacts par lequel passe la ligne équatoriale. Nous hésitons à faire la visite au retour vu l’heure, mais y allons tout de même. Il n’y a pas grand-chose à voir, mais les explications valent le coup et puis c’est tout de même un point très particulier de notre planète.
Nous reprenons la route en direction de Cayambe. Cette ville est réputée pour ses « bizcochos ». Nous avons en plus une des meilleures adresses. Les magasins aux devantures affichant « bizcochos » sont légion, mais nous tenons bons et arrivons enfin jusqu’à celui qui nous a été recommandé. Bien qu’il soit 18 h et que nous ayons plus d’une heure et demie de retard sur l’horaire prévu, nous décidons tout de même de nous y arrêter et d’y déguster la spécialité locale. On s’installe à une table et une gentille demoiselle nous explique la préparation et la cuisson des bizcochos. Nous lui commandons une infusion a l’anis avec 4 bizcochos chacun. Ce qui devait être à la base un petit gouter à 16h semble se transformer un mini repas ; il est 18h et la luminosité commence à baisser. Les Bizcochos nous sont servis avec une sorte de confiture de lait et le tout est franchement excellent. Nous mangeons tout et décidons d’en prendre pour les « tout équateurs » qui doivent nous apporter le GPS demain et aussi pour en avoir pour la route (on ne sait jamais). Cout total, boisson, bizcochos sur place, bizcochos a emporter y compris le petit pot de confiture de lait = 8.5$. Là encore le billet de 10$ fait l’affaire ainsi que la pièce pour le musicien qui faisait l’ambiance musicale.
La nuit est sur le point de tomber et il est donc grand temps que nous regagnions Otavalo et notre hôtel. 35 minutes plus tard c’est chose faite malgré quelques tours dans Otavalo à la recherche dudit hôtel sans GPS.
OTAVALO
Nous arrivons de nuit mais restant prudent tout va bien. La voiture est placée dans un garage surveillé et nous en profitons pour trainer à la chambre avec wifi pour consulter et envoyer des mails.
Les bizcochos de Cayambe sont encore trop présents pour que nous ayons réellement faim. Nous sortons tout de même sur la place « de los ponchos » qui se trouve à proximité de l’hôtel mais à 21 h la plupart des magasins sont fermés et il y a peu de monde. Nous choisissons de grignoter une empanada de fromage ainsi qu’un pain au maïs. Il nous en coutera 40 centimes. Un petit tour sur la place quasi déserte et retour à l’hôtel pour un bon gros dodo, il est à peine 22 heures passées de quelques minutes mais entre l’altitude, le soleil et la fatigue cumulée des jours précédents, nous sommes claqués.
L’hôtel « el indio » dans lequel nous avons passé la nuit n’a pas de coin restauration et nous allons donc prendre le petit déjeuner dans un établissement voisin. Le cadre est tout aussi sympathique que l’accueil. La serveuse nous demande ce que nous souhaitons comme jus de fruits, et je lui propose de choisir pour nous quelque chose de local. C’est ainsi que nous nous retrouvons tous les deux avec du jus de «guanabana ». Un grand verre rempli d’un liquide un peu laiteux et légèrement translucide. Au goût c’est très fruité mais difficile de trouver des points de comparaisons avec des fruits connus. Rafraichissant et agréable. Nous ne regrettons pas notre choix… ou plutôt nous ne regrettons pas le choix de la serveuse. On nous sert des œufs et un sandwich au fromage et à la mortadelle. Tout est très bon et il est rassurant d’avoir une vue directe sur la cuisine ouverte.
Nous enchainons par le marché d’Otavalo. Sur la place voisine de l’hôtel, tous les jours a lieu un grand marché d’artisanat local. Je me suis mis en tête d’y acheter un Poncho. Nous voilà donc partis en quête du poncho. Nous passons près de 2 heures à passer d’un estanco à un autre, à regarder, toucher, négocier. Les gens sont très sympas. Tous essaient, évidement de nous inciter à acheter chez eux mais il est très agréable de constater qu’aucun ne se montre pesant ou insistant. La bonne humeur règne et c’est un réel plaisir. Bien que ce ne soit que le début du séjour, nous en profitons pour acheter quelques souvenirs à ramener. Le Marché n’est pas très grand mais il est très dense et comme beaucoup vendent les mêmes produits il est très difficile de s’y retrouver et de retrouver un vendeur en particulier. Et puis comme nous avons commencé tôt notre visite, alors qu’ils étaient encore en train de s’installer, lorsque nous repassons 1h plus tard nous ne reconnaissons rien. C’est très coloré. On retrouve les principaux traits caractéristiques de l’artisanat Andin avec des couleurs vives et des mélanges de couleurs pas toujours très Heureux.
Les allées du marché sont très étroites et finalement malgré que la place ne soit pas très grande le marché semble lui immense. Il n’y a pas beaucoup de touristes aujourd’hui et nous avons l’impression d’être quasiment seuls… les vendeurs aussi ont remarqué cela et nous accueillent avec beaucoup de gentillesse. Nous optons avec Valérie pour la solution qui consiste à multiplier les personnes à qui nous achetons des choses plutôt que de tout prendre à la même personne. Cela nous donne ainsi l’impression de contribuer un peu plus à l’économie locale. Il y a tant de gens à qui on aimerait acheter quelque chose. Nous nous basons donc plus sur la gentillesse de l’accueil et les explications qui nous ont été données pour faire nos achats que sur le prix. La culture Locale veut qu’on marchande un peu. Un peu seulement, nous ne sommes pas ici dans des pays de marchands de tapis et il nous a été recommandé de négocier environ 10-15% du prix annoncé. Dans la réalité nous nous sommes rendu compte que la marge de manœuvre est un peu plus importante que cela puisqu’un même produit qui nous a régulièrement été proposé à 22$ a pu être annoncé à 28 et même une fois à 38$ mais également à 17$ sans trop forcer. Nous jouons le jeu de ce qu’avec Valérie nous appelons notre commerce équitable à nous et achèterons donc ce même produit à 20$.
De retour à l’hôtel nous comprenons rapidement qu’il va y a voir un petit souci : Les achats sont plutôt volumineux et tout ne rentre pas dans nos valises. Il faudra acheter un sac/valise supplémentaire si on ne veut pas s’embêter chaque jour à monter littéralement sur la valise pour pouvoir la fermer au risque de voir les fermetures éclairs céder sous la tension. L’épisode des bagages nous rappelle que nous avons droit à 2 bagages de soute chacun pour un poids max de 92 kg… dans l’heure qui suit nous seront propriétaire d’un superbe sac Andin.
Un appel de Marco nous indique qu’ils seront à Otavalo vers 12h30 pour nous donner le GPS. Il nous propose que nous déjeunions ensemble. Cela nous oblige à changer nos plans car nous avions prévu de partir au plus tard à 11h vers San Clemente dans la communauté. Qu’à cela ne tienne, nous partons visiter la cascade de Peguche que nous avions prévu de faire au retour et qui se trouve à seulement 8 km au nord d’Otavalo L’endroit est très joli au milieu d’une végétation luxuriante. Après une petite promenade d’une demie heure environ par un petit sentier dit des amoureux qui longe un petit cours d’eau et ombragé par des Eucalyptus. Nous parvenons à la cascade. Une cascade d’une vingtaine de mètres de hauteur par environ 2 mètres de largeurs. Jolie sans plus. Heureusement le cadre rajoute au charme de l’ensemble.
A notre retour, Marco est un peu en retard et nous en profitons pour échanger avec les propriétaires de l’hôtel. J’ai vraiment l’impression qu’il y a un maximum de gens biens par ici. Des gens simples mais bien. Nous nous y sentons bien. L’heure du repas arrive et Marco aussi. Nous nous rendons dans un petit restaurant qui domine la place du marché. Nous commandons un guacamole ainsi que des avocats farcis. Tout est très bon et super bien préparé. En fin de repas et alors que nous avions prévu de payer le repas nous avons la surprise de constater que Marco a déjà réglé l’addition. Nous sommes fort gênés mais il ne démord pas et nous explique que c’est l’esprit de l’association.
Décidément ils ne cessent de nous surprendre agréablement. Assurément nous nous devrons de leur faire une bonne publicité en rentrant. C’est un minimum.
Le repas terminé il est temps de nous rendre dans la communauté de san clemente, un des points phares de notre séjour.
SAN CLEMENTE
Apres 45 minutes de route nous arrivons au village duquel ils dépendent et nous nous engageons sur une petite voie pavée qui grimpe dans la montagne. Le chemin grimpe dur, tourne grimpe encore. La voiture a du mal et nous sommes souvent contraints de rétrograder en première pour franchir certains passages. Nous comprenons à présent un peu mieux la nécessité de prendre un véhicule rehaussé type SUV. Après 15 minutes ou nous avions l’impression de nous rendre vers la fin du monde nous parvenons enfin chez Umberto, le chef de famille de la famille qui doit nous accueillir. C’est à partir de ce moment précis que le temps c’est arrêté.
Umberto est un local, un vrai. Avec sa femme Rosa (Rosita pour les intimes) ils forment un couple de carte postale. Tous deux sont très typés, cheveux long noirs tressés dans le dos, de petite taille et plutôt bien trapus. Rosita porte des vêtements traditionnels bleu et blancs. Le courant passe très rapidement. Les 5-10 minutes normales d’observations de part et d’autre passées, nous voilà partis en compagnie d’Umberto à la visite de leur propriété. Ils nous expliquent qu’ils ne produisent que ce qu’il faut pour leur consommation personnelle. Umberto s’occupe d’un petit jardin ou il cultive de carottes, des choux, choux fleurs, brocolis, oignons, poireaux, mais, pommes de terres et d’autres légumes dont le nom ne nous dit rien. Il fait aussi des essais, dans un coin un plan d’avocat, un pommier, un mandarinier… « Si ça prend j’en mettrai un peu autour de l’enclos » nous dit il derrière son regard espiègle. Il a également tout une série de plantes aromatiques / médicinales chacun a des propriétés. Il les cultive pour lui-même mais également pour le chaman du village qui s’en sert pour leurs décoctions ou leurs rituels. A côté du jardin il dispose également d’une sorte de clapier mais plutôt que des lapins, ce sont des cochons d’inde qu’il élève. Le clapier est vide aux 4/5emes. Il nous explique que les cochons d’inde servent ici de plat d’exception qui n’est servis que pour les grandes occasions (mariages, baptêmes, confirmations…) ou pour les besoins des sacrifices des chamanes. Or cette année ils ont eu la confirmation de leur fille et des fêtes de villages qui leur ont bien entamé leurs « troupeau ». Et surtout un groupe important de touristes américains a débarqué il y a 15 jours et tous voulaient voir le Chamane. Le chamane se sert des Cochons d’inde pour réaliser une « radiographie » de tout le corps et permet au Chamane de savoir de quels maux souffre la personne. 30 cochons d’inde y sont passés. Il nous avoue que cela lui fait mal au cœur et qu’il préfère ne pas voir ça… lui aime la nature il élève des animaux pour un usage ultra raisonné et modéré. Ils vivent tous 2 avec leurs 2 enfants dans une harmonie qui fait plaisir à voir. C’est simple, naturel et semble tellement VRAI. Il nous montre également son Alpaga (une sorte de lama) et nous explique des tas de choses sur la sensibilité de cet animal. C’est alors l’occasion pour lui de nous dévoiler peu à peu le spiritisme qu’ils entretiennent. En effet leur alpaga ressent beaucoup de choses. Son comportement change en fonction des personnes qu’il rencontre. S’il s’agit de bonnes personnes alors l’animal est calme et détendu. Si se sont de mauvaises personnes alors il est nerveux, crache, rue… Umberto est rassuré (et nous aussi) car en notre présence l’Alpaga demeure parfaitement paisible. Il nous explique également qu’il lui a appris plein de choses et notamment à annoncer les décès ou catastrophes. Ainsi l’animal se met à siffler pour annoncer la mort d’un proche. Avec Valérie nous nous demandons encore comment il a pu apprendre cela à son Alpaga ou si ce n’est pas l’Alpaga qui lui a appris à décrypter son comportement. Quoi qu’il en soit il nous a cité plusieurs exemples qui semblent confirmer cette communion précise entre eux et l’au-delà.
Nous leurs posons des tas de questions et ils sont vraisemblablement en confiance pour nous raconter comment ils ont des rêves prémonitoires, comment ils interprètent les rêves… A un moment donné je lui demande s’il n’est pas lui-même un peu chamane. Il m’explique que cela ne l’intéresse pas. Il est en communion avec son environnement, récent beaucoup de choses, se guéri et guéri les siens mais aurait l’impression de se tromper, se mentir à lui-même s’il s’auto proclamait chamane ou agissant en tant que tel.
Nous passons une très agréable soirée. La nuit est tombée rapidement et nous sommes à l’intérieure de la maison à discuter autour d’un bon feu de cheminée. Valérie participe à la préparation du repas et Umberto continue de me parler de sa vie, leurs coutumes, leur sensibilité. Le repas qui s’en suit est sur le même ton de partage. Rosa et Umberto ne cessent de nous raconter comment ils vivent, la transmission des coutumes qu’ils ont reçues de leurs parents qui les ont eux aussi reçues des leurs et aussi de la transition qui s’opère avec leurs enfants. Bien qu’ils soient en parfaite harmonie avec leur vie et leur environnement ils aimeraient que leurs enfants n’aient pas la même vie qu’eux. Ils ont remarqué qu’eux, durant leur enfance n’ont jamais eu de fruits ou de poissons dans leur alimentation et constatent qu’ils sont restés de petite taille alors que leurs enfants qui ont eu droit à une alimentation plus équilibrée sont bien plus grand qu’eux. Ils aimeraient qu’avec les valeurs qu’ils leur ont transmises ils puissent s’épanouir encore plus. Et puis ils sont capables de soigner des petites choses mais ont été contraints de se rendre à l’hôpital lorsque leur fils de 19ans s’est transpercé la main avec un couteau. Le fils est plus dans leur lignée que leur jeune fille. Une douzaine d’année et qui va à l’école à la ville. Elle a eu des soucis de santé étant bébé et s’est « habituée » aux soins de la médecine occidentale. Les remèdes naturels fonctionnent moins bien sur elle et elle doit se soigner chez un médecin.
Bref, ce serait vraiment trop long de tout relater ici, mais vous l’aurez compris nous avons passé une très bonne soirée, hyper enrichissant avec des gens merveilleux. D’une grande simplicité et avec une sensibilité et un spiritisme très développés.
Pour la journée de demain ils nous proposent différentes activités… mais durant le repas Umberto nous explique qu’il est également guide et qu’il accompagne régulièrement des touristes sur les volcans voisins. A proximité il y a deux Volcans, un petit le cubilche et un bien plus grand et difficile l’Imbabura. Il comprend que nous sommes intéressés par cela et nous propose donc de faire l’ascension du Cubilche dès demain matin. Le programme s’adapte. Demain nous nous lèverons tôt pour faire une ascension. Réveil prévu à 7h pour un départ 8h. Nous nous couchons tôt, la tête remplie de belles images de ces belles personnes aux visages radieux et souriant.
Comme on pouvait s’y attendre à 2800 m d’altitude et au beau milieu de la cambrousse on dort plutôt bien. Une fois la maisonnée couchée, il n’y a plus un bruit. Il n’y a pas de volets aux fenêtres et le rideau présent n’est pas assez occultant pour empêcher les lueurs de la nuit pénétrer dans la chambre. Le ciel est dégagé et on distingue parfaitement bien une foultitude d’étoiles.
Le confort sanitaire est, comme on pouvait s’y attendre très rudimentaire. L’électricité est elle aussi rudimentaire. Ainsi se lever la nuit pour aller faire pipi est à lui seul une sorte d’épreuve.
Petit à petit la maisonnée s’éveille et chacun s’active pour préparer le petit déjeuner. C’est ainsi qu’une dame de la communauté vient vendre son yaourt…elle s’est déplacé jusqu’ici avec son pot. Il est à peine 7h. Nous sommes invités à préparer les galettes de maïs. Rosita a préparé la pâte avec de la farine de maïs qu’elle a moulu, du beurre de l’eau, un peu de sel et aussi un peu de sucre. Il nous revient de préparer de petites boules entre nos mains puis de les aplatir en petites pates fines. Les galettes sont ensuite cuites au feu de bois sur une plaque en terre cuite. Les odeurs de feu de bois au petit matin sont très agréables. Le petit déjeuner est très copieux et uniquement des produits de qualité. Il y a les galettes de maïs, avec de la confiture de mures de la communauté, du beurre, des céréales croustillantes mélangées avec le yaourt du matin et la confiture de mure, des fruits Ananas, bananes, papaye et du jus de Mure frais. Le top ! En prévision de l’ascension et aussi, il faut l’avouer parce que c’est très bon, nous faisons un carnage et mangeons comme des morts de faim.
Nous prenons la voiture pour plus de 30 minutes de pistes tout au mieux empierrées. Quelques pierres grossières tapissent le sol façon pavé mais moins régulier. La voiture a vraiment du mal et je dois très régulièrement passer en première. Nous garons la voiture en bordure de piste et entamons une ascension plutôt raide. Régulière mais raide. Les paysages alentours sont magnifiques et on sent bien l’altitude. Le souffle est court, ça grimpe dur! Le GPS annonce 3878m au sommet. La vue y est splendide. Umberto est content car le temps est un peu couvert, il nous indique que cela aurait été bien plus difficile s’il y avait eu plein soleil. Valérie est un peu moins contente car pour les photos elle aurait préféré du beau temps. Du sommet nous surplombons les vallées alentours et distinguons la ville d’Ibarra qui s’étend à perte de vue. Nous admirons le volcan Imbabura qui se trouve juste à côté mais dont nous ne parvenons pas à distinguer le sommet qui culmine à plus de 4800m et qui est entouré de nuages. Umberto nous explique alors que l’esprit de l’Imbabura est très timide et que lorsqu’il y a de nombreux touristes qui en font l’ascension alors il se recouvre d’un voile nuageux, et que ce voile se lève petit à petit au fur et à mesure que les touristes redescendent. L’Imbabura est très prisé par les touristes. Il est bien plus connu que le Cubilche sur lequel nous sommes et son ascension est bien plus difficile et nécessite par endroit de faire de l’escalade. Umberto qui est donc guide accompagne régulièrement des touristes sur l’Imbabura et nous explique qu’un faible pourcentage de personnes parvient au sommet. De l’autre côté, nous apercevons aussi le Cayambe dont le sommet est lui aussi pris dans les nuages.
On distingue tout de même quelques glaciers. Les coteaux voisinant offrent un paysage superbe avec des parcelles de coloration très variée. Il y a des champs de blé avec des maturations différentes et donc des teintes de jaunes bien marquées… Le sommet est très venté et le froid commence à nous gagner, nous redescendons donc un peu pour nous abriter et arrivons sur un lac d’altitude encaissé dans ce qui forme une sorte de petit cratère.
Le GPS nous indique que le lac se situe à 3827 m. C’est l’occasion de nous poser un peu. Nous récupérons ainsi en température, et aussi au niveau du souffle. Nous faisons le plein d’énergie aussi et dégustons les bananes que nous a donné Rosita avant le départ. Des bananes plutôt courtes et trapues et avec une couleur presque orangée (A l’image des équatoriens donc), mais très fruitées et sucrées. Parfait.
La descente est difficile et malgré nos bâtons, les articulations sont soumises à rude épreuve. Nous sommes ravis de retrouver la voiture et regagnons la maison d’Umberto. Il est presque 13h et le repas est prêt. Rosita nous attend pour déjeuner.
Au menu la traditionnel soupe avec des légumes du jardin, bien chaude, nous réchauffe et nous réhydrate un peu. Ça fait du bien. Une petite sauce piquante qu’ils préparent eux même vient, à discrétion, rehausser un peu le goût. On rajoute aussi selon les goûts des morceaux d’avocat ou des grains de maïs dans la soupe. Personnellement, avec de la sauce piquante et de l’avocat, c’est une tuerie et j’en reprends donc 2 fois. Ensuite un plat de légumes : pomme de terres, épis de maïs bouillis et de grosses fèves vient accompagner de fines tranches de porc frit. Le dessert est une sorte de gâteau de maïs cuit dans une grande feuille qui ressemble à la feuille de bananier. Le repas terminé ils nous proposent de nous reposer une petite heure, ce que nous acceptons volontiers. A peine posés sur le lit nous trouvons rapidement le sommeil. Au réveil, Rosita nous propose de participer à la préparation du quinoa. Ainsi nous séparons les grains en frottant les branches de Quinoa sur une pierre prévue à cet effet. Puis les grains sont tamisés et soufflés afin d’enlever au maximum des petites peaux. Cela me rappelle un certain éleveur de canaries en train de souffler les graines de ces oiseaux. Cette première étape terminée les grains de quinoa doivent être lavés. Ils sont donc placés dans un sac en tissus et lavés au lavoir comme s’il s’agissait de linge. Très rapidement il sort du sac une mousse épaisse comme s’il s’agissait de savon. Rosita nous indique que c’est ainsi qu’on enlève l’amertume du Quinoa. Il faut laver, laver et encore laver jusqu’à ce que plus aucune mousse ne sorte du sac. Nous nous relayons à 3 pendant près de 45 minutes avant d’obtenir le résultat escompté. Le Quinoa est ensuite mis à sécher au soleil afin qu’il ne germe pas.
Nous sommes stupéfaits avec Valérie de voir le temps nécessaire à la préparation du quinoa. Le processus complet a bien pris 2h. Sans doute apprécierons nous mieux maintenant le petit sachet que nous achèterons chez notre marchand bio et assurément à chaque fois que nous mangerons du quinoa repenserons nous à Rosita.
Le repas du soir, sur nos recommandations ne sera composé que de la soupe. En effet dans leurs coutumes leurs repas sont essentiellement constitués de soupes. Ils ne mangent qu’à de rares occasions du « seco ». Cependant et afin de satisfaire les touristes que nous sommes d’autres plats sont ajoutés. Inutile. La soupe un peu plus copieuse que la veille est servie en quantités plus importantes et cela nous convient parfaitement. Comme la veille le repas du soir est l’occasion de nombreux échanges qui se poursuivent au coin du feu. Ils ne tarissent pas d’histoires et d’anecdotes et le temps passe très agréablement en leur compagnie. Ce sont vraiment des gens biens. Simples et sans moyens financiers mais avec une richesse de cœur impressionnante. Nous nous couchons aux alentours de 22h dans une chambre glaciale et les couvertures en Alpaga sont les bienvenues pour nous réchauffer un peu.
Cette nuit a été particulièrement fraiche. Au petit matin il fait vraiment froid et je suis même amené à mettre mon poncho acheté à Otavalo pour être bien. Lorsque tout le monde se lève nous prenons notre petit déjeuner. Ce matin ce sera empanadas de banane et empanadas de fromage. Les empanadas sont de petits chaussons réalisés avec une pâte à la farine de blé et de maïs et fourrés dans le cas présent avec de la banane ou du fromage puis ils sont frits. Valérie participe à l’élaboration des empanadas. Le petit déjeuner comporte également des céréales et du yaourt (les mêmes qu’hier), des fruits frais (Banane, Kiwi et mangue) ainsi que du jus de « Tomate de arbol », littéralement « tomate d’arbre ». Il s’agit d’un fruit rouge qui nous était inconnu de la taille d’une tomate romaine. Le jus de fruit est surprenant mais pas mauvais
Notre programme est chargé et nous devons leur refuser l’invitation de rester déjeuner avec eux le midi. Nous enchainons tout de même le petit déjeuner avec l’activité Maïs. Il s’agit d’apprendre à faire de la farine de Maïs. Pour cela il faut prendre du mais qui a préalablement séché (2 jour par grand soleil semblent suffisant). Les épis sont alors égrainés et les grains disposés sur une pierre (la même que celle sur laquelle nous avons préparé le quinoa hier) et moulus à l’aide d’une autre pierre. Les grains pris entre les deux pierres sont pulvérisés. A chaque passage de la pierre les morceaux se font de plus en plus fins jusqu’à obtenir de la farine. Une fois tamisée et les gros morceaux restant écartés, la farine est prête à la consommation. Le processus est bien plus rapide que pour le quinoa.
Il est temps de nous dire au revoir et il y a pas mal d’émotion dans l’air. Umberto n’aime pas les au revoir et fait semblant d’être occupé à faire autre chose depuis que nous avons terminé le petit déjeuner. Une fois réglées les modalités pécuniaires, et les bagages chargés dans la voiture il finit par s’approcher et nous nous séparons sur une franche poignée de mains. A sa demande nous promettons de passer les voir si nous revenons en équateur.
Nous prenons la route de la lagune de Cuicocha où nous parvenons 1h30 plus tard.
Nous sommes un peu déçus, non pas parce que la lagune n’est pas belle, elle l’est assurément, mais déçus car il n’y a pas d’effort à fournir pour l’atteindre. On se gare en voiture juste à proximité. Nous aimons bien finalement devoir marcher plusieurs heures pour découvrir un trésor, le mériter comme on le dit avec Valérie. Tant pis. Nous partons tout de même faire la randonnée que nous avions prévue et qui consiste en une partie du tour du cratère, sur les crêtes. Le lac est important et le tour complet fait plus de 14 kilomètres. Il faut compter environ 5 heures pour cela. Nous n’avons clairement pas le temps car nous devons encore nous rendre au Cotopaxi et il y a 4 à 5h de route. D’où une partie seulement du tour. Les crêtes ne sont pas trop étroites ni trop vertigineuses. J’en suis ravi. Le niveau de l’eau est à 3100m et les crêtes peuvent monter jusqu’à 3400m. Notre ballade durera un peu moins de 3 heures, pause déjeuner comprise. Ce sera pour nous l’occasion de photographier la lagune sous toutes ses coutures et aussi les paysages alentours. C’est vraiment très beau. La lagune de Cuicocha à la particularité d’avoir en son centre deux petites îles entre lesquelles on peut encore percevoir de l’activité volcanique. Cette activité se manifeste par des remontées de bulles dans l’eau.
Merci à Valérie et Christian pour leur récit de voyage !
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