4 jours au sein de la communauté de Sarayacu
Vous vous demandez peut-être où se trouve la communauté de Sarayacu ? Peut-être en avez-vous déjà entendu parler ?
Sarayacu est une communauté située au cœur de la forêt amazonienne dans la province de Pastaza à quelques heures en canoë de Puyo.
Ses habitants (environ 2000) sont Kichwa, ils parlent cette langue et occupent un territoire d’environ 135000 hectares. Ils ont conservé leurs traditions et coutumes et entretiennent une relation sacrée et harmonieuse avec la nature, la Terre Mère (Pachamama). La forêt tropicale est pour eux indispensable à leur survie, elle leur apporte nourriture, médecine, bois pour la construction des maisons et des pirogues !
Depuis les années 1960, les gouvernements ont commencé à exploiter les ressources naturelles de l’Amazonie, notamment les nappes pétrolifères, détruisant ainsi l’environnement naturel pourtant indispensable à la pérennité des peuples autochtones de l’Amazonie.
Sarayacu est un des exemples les plus célèbres de résistance contre l’exploitation pétrolière. Ses habitants ont lutté contre les grandes entreprises pétrolières et contre l’Etat équatorien au nom de la sauvegarde de la nature, de sa faune et sa flore. Après avoir porté plainte auprès de la Commission interaméricaine des droits de l’homme contre l’État équatorien pour violation de leurs droits fondamentaux de peuples autochtones, ils ont obtenu gain de cause et réparation de la part de l’Etat équatorien. Le peuple de Sarayacu est désormais propriétaire officiel de son territoire. Pour exploiter le sous-sol du territoire, l’état doit consulter la communauté et obtenir son accord collectif.
Notre voyage à Sarayacu :
Première journée :
Ayant entendu parler de cette communauté et de sa lutte, je suis partie avec 4 amis à Sarayacu pour connaitre et comprendre un peu plus le problème de l’exploitation pétrolière, un thème important en Equateur.
Pour profiter au maximum de notre séjour, nous avons décidé de partir 4 jours.
Ne pouvant nous rendre seuls dans la communauté pour une question de logistique, nous avons contacté l’agence Papangu à Puyo.
Pour accéder à Sarayacu, il existe 2 options : le petit avion de 5 personnes ou le canoë motorisé, il n’y a pas de routes reliant la communauté à Puyo ! Nous optons pour le canoë et choisissons d’effectuer le retour en « avioneta » pour gagner du temps.
L’agence nous prévient que le trajet en canoë durera entre 4 et 5h. Par chance avec les pluies diluviennes de la veille, la rivière est assez haute et nous mettons moins de temps.
Nous partons donc en voiture équipés de nos bottes en caoutchouc et de nos ponchos vers le port d’embarcation. En route, nous apercevons au loin le somptueux volcan Sangay et traversons des paysages de forêts luxuriantes, c’est magnifique !
Une fois au port, nous embarquons à bord du canoë accompagnés de quelques habitants de la communauté. Nous naviguons durant 3h en profitant des paysages baignés des couleurs du soleil couchant et apercevons des habitations en bois le long du rivage.
Une fois arrivés à la communauté, nous sommes accueillis par la famille du chef de la communauté, José. Les membres de chaque famille vivent ensemble, ils partagent la cuisine et ont un espace commun pour se retrouver. Les maisons sont faites en bois avec un toit tressé de feuilles de palmier !
A Sarayacu, il n’y a quasiment pas d’électricité (seulement quelques heures grâce aux panneaux solaires), pas de réseau téléphonique et encore moins internet (seule l’école dispose d’une connexion fonctionnant quand bon lui semble), la déconnexion est complète et fortement appréciée ! Les habitants vivent davantage avec la lumière du jour, ils se couchent relativement tôt vers 20h00 et se lèvent vers 4h00 pour partager un temps en famille et boire la wayusa (thé énergisant à base de plantes) !
Nous rencontrons les différents membres de la famille, jouons avec les enfants avant de diner. La fatigue se faisant sentir, nous partons nous coucher bercés pas le bruit des insectes et animaux de la forêt !
Deuxième journée :
Nous sommes réveillés vers 7h par le chant du coq, la journée commence ! Après un petit-déjeuner bien copieux, nous partons explorer la forêt primaire avec notre guide Wilson ! Il nous montre différentes plantes médicinales et nous explique comment construire les toits des maisons. Malheureusement, avec la pluie, les animaux sont tous aux abris, nous observons tout de même un serpent endormi sur la rive d’une petite rivière. Heureusement que Wilson l’avait vu car ce serpent est l’un des plus dangereux de l’Amazonie ! Nous revenons au village après une marche de 3heures.
Après le déjeuner, nous aidons les femmes de la famille à faire la « chicha », une boisson traditionnelle à base de yucca. Cette boisson ne peut être fabriquée que par les femmes. L’élaboration de cette boisson est aussi un moment de partage et socialisation. Vous vous demandez sûrement comment fait-on la « chicha » ?! Comme je vous le disais, il y a le yucca mais pour fermenter la boisson, l’ingrédient secret est la salive ! Il faut donc mâcher le yucca pendant quelques minutes pour qu’elle se liquéfie pour ensuite la recracher. Au début, nous étions un peu réticentes mais au final nous avons passé un moment de convivialité « assez rigolo » avec les femmes de la communauté et nous ne pensions plus trop au partage de salive !!! Une fois le yucca liquide, il faut le laisser reposer 3 jours dans un récipient en céramique pour la fermentation. La salive permet de supprimer microbes et bactéries !
Le soir, nous avons diné avec José, l’occasion de parler de la résistance de la communauté face à l’exploitation des sous-sols de leur territoire et de la place importante des femmes dans cette lutte. Vers 21h, nous sommes partis nous coucher.
Troisième journée :
Réveillés aux aurores par une poule heureuse d’avoir pondu un œuf, nous partons en canoë pour découvrir le Ceibo, l’un des plus gros arbres de l’Amazonie et source de vie pour la communauté. Pour les Kichwa de Sarayacu, chaque objet, chaque être vivant végétal ou animal possède une âme, un esprit, il convient donc de respecter tout ce qui nous entoure ! Après avoir descendu la rivière en canoë pendant une heure, nous arrivons au lieu sacré. Cet arbre est vraiment géant, il doit avoir entre 200 et 300 ans ! Le temps étant plus clément, nous en profitons pour nous aventurer un peu plus dans la jungle amazonienne à la recherche de la faune. Nous apercevons un toucan en vol. Sur le trajet du retour, nous observons les oiseaux préhistoriques de l’Amazonie, « les hoatzins » et découvrons les techniques de pêche de la communauté. Nous attrapons seulement 3 poissons, cela ne sera pas suffisant pour le repas ! Heureusement, nous croisons le chemin d’une famille vivant à 2h de la communauté, près de la frontière avec le Pérou, ils ont une pêche plus fructueuse que la nôtre.
Nous aurons donc du poisson au déjeuner !
L’après midi, nous sommes invités à une « minga ». Lorsqu’une famille construit une maison, les familles aux alentours viennent aider et les hôtes reçoivent en échange la fameuse « chicha », cette boisson traditionnelle !
Nous sommes partis à la recherche des feuilles de palmier utilisées dans la construction des toits des maisons. Nous apercevons une tarentule et un bébé serpent inoffensif ! Après avoir coupé un nombre suffisant de feuilles, nous partons chez la famille pour la « minga ».
Nous sommes accueillis avec la « chicha » et dégustons ce savoureux breuvage, plutôt bon ! Nous essayons de faire abstraction des différentes salives ayant permis la fermentation de la boisson !
La « minga » est aussi l’occasion pour les familles de la communauté de se rassembler et de partager un moment convivial. Nous discutons avec les différentes personnes du groupe et découvrons davantage leur vie quotidienne.
De retour nous jouons un peu avec les enfants de la famille, dinons et discutons un peu plus avec José.
Quatrième jour :
Aujourd’hui, c’est le tournoi de foot intercommunautaire ! Nous partageons ce moment festif avec la communauté. Notre communauté a d’ailleurs gagné
Nous partons ensuite visiter la place centrale, l’école et le dispensaire.
Après le déjeuner, notre « avioneta » nous attend, c’est le moment de dire au revoir à la famille et à la communauté. Nous survolons l’immense forêt amazonienne et les richesses qu’elle cache !
J’ai la chance d’être au côté du pilote, il me laisse même les manettes! Mes amis ne sont pas rassurés !
Nous voici de retour à Puyo bercé par le bruit des voitures et des vendeurs ambulants, on est bien loin de la communauté paisible de l’Amazonie et pourtant, le vol n’a duré que 40 minutes !
Ce voyage nous aura permis de découvrir les confrontations auxquelles les peuples autochtones font face tous les jours, de comprendre leur combat et de partager des moments uniques à leurs côtés. Nous aurons beaucoup appris de cette communauté qui vit loin de toutes les nécessités créées par notre société occidentale et de la relation forte qu’ils entretiennent avec la nature !
Je recommande fortement cette expérience !
Budget :
50 USD/jour
64 USD l’avioneta
40 USD le trajet en canoë
Merci à Marie pour ce magnifique carnet de voyage !
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